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La taxe au tonnage

Conformité internationale et constitutionnalité en droit suisse

Prof. Dr. iur. Robert Danon


Teil der Ausgabe


Zusammenfassung (de/fr)

Dans le cadre de l’examen de la RIE III, le Conseil national se prononça, le 16 mars 2016, en faveur de l’introduction d’une taxe au tonnage («tonnage tax»). A nouveau saisie du projet RIE III, la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats (CER-E) indiqua un mois plus tard qu’elle approuvait la taxe au tonnage à condition toutefois que cette mesure fasse l’objet d’un projet distinct et que sa constitutionnalité soit définitivement clarifiée.

La taxe au tonnage, pratiquée par de nombreux Etats, est destinée à permettre aux armateurs de soutenir la concurrence internationale. Ce faisant, ces Etats entendent protéger leur industrie maritime, encourager le maintien, le retour de navires sous pavillon national («re-flagging») et éviter la délocalisation d’une activité importante pour leur économie.

La taxe au tonnage constitue toutefois un allégement fiscal sectoriel. Au sein de l’Union européenne, la taxe au tonnage est ainsi qualifiée d’aide d’Etat sélective («State aid») et n’est approuvée par la Commission européenne qu’à des conditions strictes. Comme elle l’a encore rappelé en décembre 2015, la Commission souhaite en effet éviter une «course aux subventions». A l’heure où la Suisse s’engage à supprimer des statuts fiscaux contestés, la question de l’acceptation internationale de la taxe au tonnage est donc primordiale. Aussi, si le Parlement devait s’engager dans cette voie, il serait essentiel que le texte finalement adopté par le législateur soit pleinement compatible avec les orientations maritimes européennes, en raison de l’accord Suisse-UE de libre échange de 1972. En outre, l’exigence d’activité substantielle posée par les règles de l’OCDE en matière de concurrence fiscale dommageable devrait être respectée.

Sous l’angle constitutionnel, la taxe au tonnage heurte le principe de l’égalité de l’imposition (art. 127 al. 2 Cst) afin de favoriser un secteur déterminé. Comme l’a jugé le Bundesfinanzhof allemand, il s’agit d’une «Lenkungsnorm mit Subventionscharakter» induisant une «grundsätzlich gleichheitswidrige Steuerbegünstigung». Aussi, en droit suisse, la taxe au tonnage ne serait constitutionnellement envisageable qu’au titre d’incitation extra-fiscale. Le cas échéant, le Parlement devrait donc examiner, à la lumière de données concrètes, si les conditions posées par l’art. 103 Cst (politique structurelle) sont satisfaites en l’espèce. La position selon laquelle la taxe au tonnage constituerait une simple mesure de simplification administrative ne peut assurément à notre sens être suivie.

Im Rahmen der Arbeiten zur USR III hat sich der Nationalrat am 16. März 2016 für die Einführung einer «Tonnage Tax» entschieden. Als sie sich erneut mit der USR III befasste, wies die Kommission für Wirtschaft und Abgaben des Ständerates (WAK-S) einen Monat später darauf hin, dass sie der «Tonnage Tax» unter der Voraussetzung zustimme, dass diese Massnahme Gegenstand eines separaten Projektes darstelle und dass ihre Verfassungsmässigkeit definitiv geklärt werde.

Die von zahlreichen Staaten erhobene «Tonnage Tax» zielt darauf ab, dass die Reeder auf internationaler Ebene konkurrenzfähig bleiben. Auf diesem Weg wollen diese Staaten ihre Seehandelsindustrie schützen, die Aufrechterhaltung und Rückkehr von Schiffen unter nationaler Flagge («reflagging ») fördern sowie die Verlegung einer wichtigen wirtschaftlichen Tätigkeit vermeiden.

Die «Tonnage Tax» stellt jedoch eine sektorielle Steuererleichterung dar. Innerhalb der EU wird somit die «Tonnage Tax» als selektive staatliche Beihilfe («State aid») qualifiziert und wird von der Europäischen Kommission nur unter strengen Bedingungen genehmigt. So wie sie dies im Dezember 2015 erneut festgehalten hat, möchte die Kommission ein «Wettsubventionieren» vermeiden. Da sich die Schweiz nun verpflichtet, umstrittene Steuerstatus aufzuheben, steht die Frage der internationalen Akzeptanz der «Tonnage Tax» im Vordergrund. Sollte das Parlament diesen Weg einschlagen, wäre es wesentlich, dass der schliesslich vom Gesetzgeber erlassene Gesetzestext wegen des Freihandelsabkommens von 1972 zwischen der Schweiz und der EU vollumfänglich mit den europäischen Seeverkehrsleitlinien kompatibel ist. Die von den Regeln der OECD gestellte Anforderung der substantiellen Tätigkeit im Bereich des schädlichen Steuerwettbewerbes müsste zudem eingehalten werden.

Aus verfassungsrechtlicher Sicht verstösst die «Tonnage Tax» gegen die Gleichmässigkeit der Besteuerung (Art. 127 Abs. 2 BV), indem sie einen bestimmten Sektor bevorzugt. So wie dies der deutsche Bundesfinanzhof beurteilt hat, handelt es sich um eine «Lenkungsnorm mit Subventionscharakter», welche eine «grundsätzlich gleichheitswidrige Steuerbegünstigung » verursacht. Die «Tonnage Tax» wäre damit unter Schweizer Recht verfassungsrechtlich nur als ausserfiskalische Lenkungsmassnahme zulässig. Das Parlament müsste gegebenenfalls anhand von konkreten Angaben prüfen, ob die von Art. 103 BV gestellten Anforderungen (Strukturpolitik) vorliegend eingehalten sind. Der Auffassung, wonach die «Tonnage Tax» eine bloss administrative Vereinfachungsmassnahme darstellen würde, kann nicht beigepflichtet werden.